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Parivrtta parshvakonasana

"Ceci est l'ultime vérité. Il n'y a pas de contrôle de l'esprit, car il n'existe pas. Personne n'est enchaîné. Il n'y a pas de pratiquant, de chercheur de libération, ni d'âme réalisée."

Amrtabindupanishad 10

 

Yoga est un mot aux multiples significations. Il n’existe pas de yoga originel ou traditionnel, mais plutôt de nombreux chercheurs, des pratiquants en quête de vérité qui ont expérimentés différentes formes d’ascèses physiques et psychiques à travers les âges. En Inde, « Yoga » est un des noms qu’à pris cette recherche.

Le mot yoga dérive de la racine sanskrite yuj, qui signifie atteler, joindre. Mais le sens du mot yoga varie grandement selon le contexte philosophique ou il est exprimé.

Dans la Bhagavad-Gîtâ, le yoga (karma, bakti, jnana…) fait souvent référence à l’abandon de soi au Seigneur (incarné sous la forme de Krishna), il s’agit plutôt d’un yoga de la dévotion.

Dans les Yoga-sutras de Patanjali, rédigés dans le contexte du Samkhya, le yoga désigne le divorce du Purusa et de la Prakriti. L’isolement du principe de conscience, la monade spirituelle, du corps qui la retient prisonnière.

 

Le Hatha-yoga quand à lui associe la notion d'effort voir de violence au mot yoga. Bien embêtés par ce sens premier, de nombreux pratiquants préfèrent la version plus poétique ou l’on sépare Ha (soleil) et Tha (lune) pour exprimer une « union du soleil et de la lune ».

 

Pour simplifier, le Hatha-yoga désigne un ensemble de techniques physiques, respiratoires et psychiques qui visent à libérer l’homme de ses conditionnements aliénants.

C'est généralement cette forme de yoga qui est enseigné en France à l'heure actuelle. Vinyasa, Iyengar, Ashtanga, Kundalini, Sivananda... désignent différentes lignées ou bien méthodes de Hatha-yoga.

Pour ceux qui souhaitent étudier plus profondément la philosophie du yoga, voici 2 auteurs (parmi de nombreux autres mais ce sont mes préférés:-)) à lire: Michel Angot et Lilian Silburn.

 

Ce que l'on nomme (abusivement) le "yoga classique" fait référence au texte de Patanjali, un maître indien (historique ou mythique..?) qui écrivit les yoga-sutras au 2ème siècle de notre ère. Le deuxième chapitre présente une méthodologie pour réaliser le but du yoga selon Patanjali, kaivalya, la libération. Cette méthode se décompose en 8 branches (asht-anga) qui toutes ensembles forment une voie unique, un chemin de vie accessible à tout homme qui s'en donne les moyens. Ces 8 branches sont yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana et samadhi

 

Au cours d'une session de yoga nous pratiquons asana, les postures et pranayama, la respiration. Avec le temps et la pratique, l'on devient de plus en plus intimes avec son corps et le fonctionnement de son esprit. La sensibilité à soi même et à son environnement ne cesse de s’accroître ce qui peut amener des changements profonds dans la vie d'un pratiquant. C'est alors que se manifestent librement yama et niyama.

 

Yama relève de grandes règles de moralité qui sont au nombre de 5 :

 

  • Ahimsa : la non violence

  • Satya : la vérité

  • Asteya : le non vol, ne pas prendre ce qui ne nous appartient pas

  • Bramacharya : se dédier totalement à une pratique; autre sens possible: chasteté

  • Aparigraha : ne pas accumuler, la non possession

 

Niyama: règles de conduite plus individuelles, comporte également 5 aspects :

 

  • Saucha : pureté, externe en prenant soin du corps et interne en maintenant la vigilance vis à vis de son esprit.

  • Santosa : le contentement

  • Tapas : l'effort

  • Svadyaya : l'étude

  • Isvara Pranidhana : la dévotion

 

De nombreux écrits de qualité sont disponibles à ce sujet et je laisse le chercheur désireux d'en savoir plus effectuer ses propres recherches.

 

Il m’apparaît important de souligner que yama et niyama sont des conséquences naturelles d'une pratique juste, il n'y a pas à les rechercher. Lorsque l'on cherche à se conformer à des règles de morale ou un enseignement extérieur, aussi justes et profonds soient-ils, cela crée inévitablement une dualité entre soi-même, ses désirs contradictoires, sa part d'ombre et l'idéal auquel on souhaite se conformer. Cela peut engendrer de la frustration, de l’insatisfaction et de la culpabilité et encore de la bigoterie, du formalisme religieux et du dogmatisme.

Il est bien plus efficace de se dédier sincèrement à une pratique sous la conduite d'un enseignant capable ayant déjà emprunté ce chemin. Dans un premier temps il faut mettre de côté ses croyances personnelles et se contenter de pratiquer régulièrement.

Par l’entraînement du corps et de l'esprit à travers les asanas et pranayamas, l'être humain se trouve changé en profondeur et en douceur, au rythme de sa pratique et naturellement il s'ouvrira à yama et niyama en temps voulu. En réalité il manifestera dans sa vie ces qualités supérieures sans que cela ne lui coûte le moindre effort ou n'engendre de frustrations ou de rigidité morales. Ce seront des signes positifs de son évolution dans la voie du yoga.

 

A un certain stade de la pratique se manifeste pratyahara, le retrait des sens, la 5ème branche. Cela signifie que le pratiquant est conscient des mouvements de son esprit, il n'est pas dupe de lui même et peut à loisir adhérer à ces mouvements ou bien en rester simple spectateur. Il acquière petit à petit la liberté vis à vis de ses propres conditionnements psychiques et physiologiques. On pourrait croire, à tord, que cela signifie se couper du ressenti et de ses émotions. Bien au contraire, lorsque l'état du témoin intérieur est fermement établi par la pratique, alors tout peut être vécu, ressenti, expérimenté librement et sans entrave. Une vie infiniment riche s'offre constamment au yogi.

Dharana désigne la capacité de concentration sur un point en particulier. Cette absorption en un point favorise le calme mental et la libre circulation des pensées, sans attachement. Lorsque cet état est fermement ancré, on parle de dhyana. Samadhi ne peut pas s'obtenir par la volonté, c'est un état de disponibilité au monde qui se manifeste telle la grâce au pratiquant suffisamment avancé dans la voie.

 

C'est une présentation volontairement succincte que je livre ici car les livres traitant du yoga sont pléthores, je souhaite juste donner une idée générale concernant cette discipline. La lecture ne remplace pas la pratique, le yoga se vit avant de s'étudier, c'est une manière d'être, un rapport au monde et non un savoir abstrait ou théorique. Comme disait Pattabhi Jois, "le yoga c'est 99% de pratique, 1% de théorie".

 

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