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Dans un premier temps le corps et l’esprit doivent être forgés par le feu des asanas et du pranayama. Cette étape nécessite plusieurs années afin d'ancrer dans son corps les techniques de base du yoga, on pourrait nommer cette phase "la voie de la technique". Ce premier mouvement est fondamental et permet de libérer le corps des pesanteurs qui en obstruent le fonctionnement naturel.

 

Les postures permettent de prendre conscience des espaces de vide et de plein dans le corps et de recréer une harmonie porteuse de vitalité et de joie. Certaines zones doivent généralement être désengorgées (genoux, lombaires, dorsales, ventre…) tandis que d’autres zones doivent être vivifiées (coxo-fémorales, sacrum, cuisses frontales, coudes…)

 

Le but du travail postural est de retrouver une fonctionnalité organique naturelle et optimale. Il est aussi de rendre sensible l’ensemble du corps afin de passer d’un corps passif, soumis à ses conditionnement génétiques et sociétaux à un corps vibrant.

Les conditionnements demeurent mais le pratiquant devient intime avec ceux-ci et sait comment jouer de son corps tel un musicien de son instrument. Il acquière par l’éveil de ses sensations de plus en plus subtiles une véritable capacité de jouer de son corps/instrument comme il le souhaite. Ce travail postural permet d’abandonner un rapport objectif et limitant au corps et d’intégrer une vision subjective faîte de sensations, de connections entre les espaces du corps. La forme extérieure est petit à petit laissée à ce qu’elle est, sans désir d’amélioration ou de changement. Le travail se fait en termes de direction, de perception des vides et des pleins à équilibrer.

 

Les 3 concavités, lieux des 3 granthis et des 3 bandhas sont des zones avec lesquelles il est absolument nécessaire de devenir intime au cours de sa pratique.

L’éveil du corps sensible « pranamayakosha » est accompagné par le pranayama. C’est pourquoi le pranayama est travaillé lorsque les asanas ont permis au préalable de développer le corps dans sa sensorialité. Se tordre les narines ou retenir sa respiration le plus longtemps possible n’ont rien à voir avec le pranayama

« La dissolution du monde phénoménal est appelé : expiration ; la réalisation du « je suis » est appelé : inspiration ; et la stabilité de cet état : rétention »

Sankaracarya

A l’inspiration, le pratiquant observe les espaces de son corps être remplis par le souffle; la présence.

A l’expiration le pratiquant observe les épaules se déposer dans le bassin, l’assise sur les ischions; le silence.

Le pranayama suppose une assise stable et confortable (padmasana, sukhasana, siddhasana, virasana) et un ressenti suffisamment clair des différents espaces du corps qui sont mobilisés par le souffle. Au début le pratiquant erre entre somnolence, torpeur ou bien agitation mentale lorsqu'il commence le travail de respiration et de méditation. Il est fondamental d’éveiller le corps dans sa dimension subjective et sensorielle ; L’attention du méditant est alors toute entière happée par les multiples sensations de son corps. On quitte le corps grossier annamayakosha, pour explorer le corps subtil qui se divise en 3 parties : pranamayakosha, manomayakosha et vijnanamayakosha.

L’attention à ce qui se présente à soi permet de clarifier les liens qui existent entre les différentes parties du corps, les pensées, les émotions, les mécanismes automatiques qui régissent nos vie. S’ouvre cet espace de liberté, de choix, car de connaissance de Soi.

Le yoga est voie de connaissance et quête de liberté.

"Jésus disait: 

Que celui qui cherche

soit toujours en quête

jusqu'à ce qu'il trouve,

et quand il aura trouvé,

il sera dans le trouble,

ayant été troublé, il s'émerveillera,

il régnera sur le Tout".

Cité par Jean-Yves Leloup dans "l'assise et la marche", extrait de l'évangile de Thomas, logion 2

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